« La graine fertile produit beaucoup de fruits. La graine corrompue donne aussi une récolte, mais quelle en est la valeur ? Seules la mort, la putréfaction et la peur sont les fruits de la mauvaise graine. La récolte défaillante n'est pas à blâmer. Le fruit pourri n'est pas coupable, ni les plans morts. Mais tournez-vous vers la graine, car c'est là que réside la faute. »
Je
découvre Wessel Ebersohn cet automne avec La
Nuit est Leur Royaume. Je
découvre par la même occasion son personnage fétiche, Yudel Gordon
( La Nuit
Divisée, Coin Perdu pour Mourir, Le Cercle Fermé, La Tuerie
d'Octobre).
Ce dernier titre introduisait également Abigail Bukula, juriste
Sud-Africaine dont je viens aussi de faire la connaissance dans ce
dernier opus d' Ebersohn publié par Rivages le mois dernier.
Je n'ai jamais caché mon
penchant pour les romans qui se déroulent sur une toile de fond
politique. Il y a deux raisons à cela : soit il s'agit de pays
que je connais et dont je connais l'histoire (lorsqu'il s'agit des
pays de l'est ou de la France) soit je trouve là un prétexte pour
aller fouiller et mieux comprendre le contexte géopolitique. La
littérature, blanche ou noire, peu importe, a cet effet formidable,
de vous faire vous poser encore plus de questions à la fin d'un
livre qu'avant de l'avoir commencé. Ou bien je suis à côté de la
plaque.
C'est précisément ce qui s'est
passé avec le roman que je viens de finir. Yudel et Abigail sont
Sud-Africains mais l'affaire qui les occupe les emmène au Zimbabwe.
Sept opposants au régime de Mugabe ont disparu et leurs camarades
sont persuadés qu'ils se trouvent à la prison de Chikurubi. Parmi
les sept il paraîtrait qu'Abigail en connaîtrait un. Chose dont
elle n'est pas convaincue.
Mais elle connaît le Zimbabwe
pour y avoir vécu. Des parents à elle y ont été massacrés. Les
liens sont plus forts qu'elle n'aimerait l' admettre. Elle y va.
En
ce qui concerne Yudel, psychologue, criminologue, Juif, marié à une
Rose inquiète par les occupations de son fouineur de mari tellement
passionné par son métier qu'il en oublie les risques, il est
visiblement attaché à Abigail par une sacré mauvaise expérience
vécue à ses côtés dans La
Tuerie d'Octobre. Il
la rejoint quelques jours plus tard.
Alors, si comme moi, vous tapez
Zimbabwe dans la barre de recherche google, parmi les premières
occurrences vous allez tomber sur « Zimbabwe tourisme ».
Ça c'est un truc qui m'a toujours interpellée : quand est-ce
qu'on se dit « tiens, je vais passer par un tour opérateur et
puis acheter les guides touristiques pour me faire un trip
all-inclusive à Harare » ?
Bref. Wessel Ebersohn ne
travaille visiblement pas pour un tour opérateur. L'ambiance à
Harare est plutôt pesante. Les gens meurent ou disparaissent.
Lorsque ce n'est pas le cas ils ont peur. Et ils ont faim.
Le
directeur de l'Organisation centrale du Renseignement s'intéresse de
très près au dossier d'Abigail et, en plus, il n'est pas du tout
insensible aux charmes de cette juriste coriace. A plusieurs
reprises, en tant que lecteur, on arrête de respirer. Les choses se
gâtent.
Très bon roman, lu presque
d'une traite. Le rythme s’accélère au fur et à mesure que
l'enquête progresse. Les doutes des personnages sont les nôtres,
ainsi que leurs peurs.
La seule chose qu'il me reste à
faire à présent c'est de lire les précédents bouquins de Wessel
Ebersohn. Maintenant que je l'ai découvert, je ne vais pas le
laisser s'en tirer si facilement !
La
Nuit est Leur Royaume,
Wessel Ebersohn, Traduction Fabienne Duvigneau, Rivages 2016
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