« A Paul Brousse, j'ai dit au médecin que je n'étais pas candidat à une post-cure. Mon but était de retrouver la vraie vie au plus vite, pas de me regarder le nombril. Le principe, je l'avais bien compris, était de t'occuper l'esprit et le corps, t'aider à combler le vide laissé par la bouteille avant de rejoindre le grand bain.
Moi j'étais en postcure à la Villa, ce qui pouvait prêter à rire. Il y avait un côté Mowgli chez les loups. Pourtant, être entouré d'alcoolos renforçait mon blindage, j'en étais convaincu même si beaucoup, en silence, devaient penser que je finirais par craquer. »
L'été chez Cochise m'a
plongée dans une chanson de Pigalle... la Villa de Cochise c'est un
peu l'avant chambre de la salle du bar tabac de la rue des
Martyres... C'est en tout cas l'effet que le roman de Nicolas
Roiret m'a fait : j'ai a-do-ré !!! Autant dire que plus
français que ça tu meurs ( petit clin d’œil à ceux qui pensent
que la littérature française est un truc hyper aride et élitiste,
c'est comme si on disait que la chanson française s'arrêtait à Zaz
ou que sais-je.... écoutez les VRP nom de nom!!)
Bref, Rico sort de cure de
désintox, il n'a pas envie de prolonger avec une post-cure, sa seule
envie est de reprendre le cours de sa vie au plus vite et de
retrouver la femme qu'il aime et pour laquelle il avait arrêté la
tise.
Sauf que voilà, un dégât des
eaux l'empêche de retourner dans son appartement. Alors il accepte
l'invitation de Cochise, ancien partenaire de cure, et il emménage
temporairement dans la Villa de ce dernier : « Une
grande baraque, style Empire, derrière de hautes grilles
hérissées. »
A ce stade de la lecture on peut
encore imaginer tout et n'importe quoi quant à la suite des
événements. Tout sauf la faune que Rico va découvrir derrière ces
murs, tout sauf les hallucinants tournants que la poste-cure
initialement pépère commencera à prendre peu de temps après son
emménagement.
Inutile de vous raconter le
déroulement des événements, je vous laisserai découvrir par vous
même cet univers peuplé de camés, alcoolos, actuels / anciens
acteurs de porno, producteurs de porno, actuelles/ anciennes putes,
un Serbe qui fait la loi à Paris, un éminent membre du grand
banditisme, j'en passe et des meilleures : l'endroit idéal pour
arrêter l'alcool.
L'été
chez Cochise, une virée chez
les Apaches, une aventure à cent à l'heure avec des personnages
plus vrais que nature (j'y pense, tout ça pourrait faire un super
film complètement délirant), on se marre et on flippe aussi, Rico
se retrouve à quelques moments dans des situations assez tendues et
surtout, surtout on se demande : tiendra-t-il, tiendra-t-i pas,
la bouteille loin de sa bouche ?
« J'ai inspiré profondément. Il était temps de lui présenter ma post cure à la Villa sous un angle plus réaliste, le porno, la coke, le sexe tarifé, la petite robe bleue, les films, le grand cerisier, les fenêtres ouvertes et pour clôturer le tout, McLeod, le frangin Zorro, avec sa tueuse et ses beaux yeux clairs.
A la fin de mon récit, il y a eu un blanc. « T'es là ? » j'ai fait.
-Oui, je réfléchissais ! A-t-elle dit, tu ne serais pas en train de me monter un bobard pour monter dans l'avion ? »
L'été
chez Cochise, Nicolas Roiret,
Editions Rue Fromentin 2016
Chronique écrite pour les Unwalkers
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire