QUI :
VYTAUTAS
VARGALYS
MARTYNAS
POSKA
STEFANIA
MONKEVI
GEDIMINAS
RIAUBA ET /OU UN CHIEN
VILNIUS
AVEC QUI :
LOLITA BANYS
AHASVERUS
THEODORAS
ZILYS
DES VARGALYS
DES
GIEDRAITIS
DES MEMBRES
DE PARTI
DE HAUTS
MEMBRES DE PARTI
OU :
VILNIUS
QUAND :
A UNE EPOQUE
OU L’ EUROPE ETAIT BICEPHALE
Si seulement
l’homme finissait un jour par apprendre quelque chose de ses erreurs passées …
« Que l’Ukraine
brûle… » titrait hier, 21 février 2015, le journal Le Monde dans son compte-rendu des manifestations moscovites anti-Maïdan. L’auteur de l’article citait l’un des
manifestants, 24 ans, pro-séparatiste, ancien combattant impatient de retourner
casser de l’Ukrainien.
Pourquoi
parler de l’Ukraine ? Parce que je sors de Vilnius Poker et parce
que ce roman, dont la gestation a duré huit ans (1979-1987) m’a retournée, m’a
laissée hébétée et ahurie devant les infos que dégueulent TV, Internet & Co.
aujourd’hui, n’importe quel jour de ce début d’année 2015.
Vilnius
Poker ou la lente descente vers la folie dans un monde où l’identité est annihilée au
profit d’un dragon omniprésent, omniscient, omnipotent… à vous de le
reconnaître.
Je ne ferai
pas un résumé de Vilnius Poker, c’est un roman qui ne se « résume »
pas. Parce qu’il ne se « résume » pas à une quelconque dénonciation
du totalitarisme et de l’absurde, il vous entraîne avec lui dans un monde
tellement halluciné, hallucinatoire qu’il en paraît irréel. Et pourtant.
Passée sous
des corps étrangers, prise de force par les Allemands, offerte aux splendides vainqueurs
de l’Armée Rouge, la Lituanie kanuk’ée, colonisée, inerte, grise
est habitée dans Vilnius Poker par l’homo lithuanicus. Vous avez
peut-être entendu parler, je l’espère, de l’homo
sovieticus, ce triste produit du XXe siècle dont la descendance refuse de s’éteindre.
L’équivalent lithuanien de l’époque est la personne qui agit de la même
manière, le dogme et la conviction en moins. Il « ne croit en rien depuis le départ, mais il apprend à jouer le
jeu dès son plus jeune âge. »
Il a l'oeil vide, l'homo lithuanicus, l'oeil vide et le visage plat. Il pue. Il transpire la peur.
" Ici bas, tout homme capable de pensée logique est paranoïaque. La paranoïa coule dans nos veines. On se met immédiatement à soupçonner que l' on veut nous voler cette miette de sagesse et nous envoyer pourrir au fond d'un trou. On commence à voir des espions partout. Dès que l' on décroche le combiné, on est intimement persuadé d'être sur écoute. Et si on ne s'est pas levé du bon pied, on se met à croire que même nos pensées sont secrètement enregistrées."
L’ambiance
du roman est une claque pour chacun des sens du lecteur. Vilnius, fière
capitale à genoux, ploie sous l’odeur des feuilles moisies, le free-jazz qui résonne
dans les ruines d’une ancienne église transformée en distillerie, perce le tympan,
tout comme les pleurs des déportés vers la Sibérie, comme le silence des camps.
Il y a de l’amour
aussi à Vilnius : brutal, multiple, sans issue. Les cartes ont déjà été
distribuées et c’est la Faucheuse qui a la main.
Les personnages de Vilnius Poker évoluent dans un espace-temps mouvant, passé et présent se chevauchent au gré des souvenirs, des évènements qui font irruption dans leur quotidien à la manière des rêves... ou bien des cauchemars...
Et chacun raconte sa version des faits: Vytautas Vargalys, le bien nommé, Martynas Poska, collectionneur-ethnographe, Stéfania Monkeviciuté, plante importée de la campagne lituanienne, Gédiminas Riauba, autre bien nommé, à l'odorat sur-développé.
Grâce à Monsieur Toussaint Louverture vous pourrez errer dans les rues de Vilnius, jouer cette partie de poker incroyable, apprendre, ouvrir les yeux, ouvrir les yeux....
Vilnius Poker, Ricardas GAVELIS, Monsieur Toussaint Louverture, mars 2015
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