lundi 23 février 2015

L' AGONIE DU LOUP DE FER, Vilnius Poker







QUI :



VYTAUTAS VARGALYS
MARTYNAS POSKA
STEFANIA MONKEVI
GEDIMINAS RIAUBA ET /OU UN CHIEN
VILNIUS

AVEC QUI :



LOLITA BANYS
AHASVERUS
THEODORAS ZILYS
DES VARGALYS
DES GIEDRAITIS
DES MEMBRES DE PARTI
DE HAUTS MEMBRES DE PARTI



OU :



VILNIUS



QUAND :



A UNE EPOQUE OU L’ EUROPE ETAIT BICEPHALE

Si seulement l’homme finissait un jour par apprendre quelque chose de ses erreurs passées …
« Que l’Ukraine brûle… » titrait hier, 21 février 2015, le journal Le Monde dans son compte-rendu des manifestations moscovites anti-Maïdan.  L’auteur de l’article citait l’un des manifestants, 24 ans, pro-séparatiste, ancien combattant impatient de retourner casser de l’Ukrainien.
Pourquoi parler de l’Ukraine ? Parce que je sors de Vilnius Poker et parce que ce roman, dont la gestation a duré huit ans (1979-1987) m’a retournée, m’a laissée hébétée et ahurie devant les infos que dégueulent TV, Internet & Co. aujourd’hui, n’importe quel jour de ce début d’année 2015.

Vilnius Poker ou la lente descente vers la folie dans un monde où l’identité est annihilée au profit d’un dragon omniprésent, omniscient, omnipotent… à vous de le reconnaître.
Je ne ferai pas un résumé de Vilnius Poker, c’est un roman qui ne se « résume » pas. Parce qu’il ne se « résume » pas à une quelconque dénonciation du totalitarisme et de l’absurde, il vous entraîne avec lui dans un monde tellement halluciné, hallucinatoire qu’il en paraît irréel. Et pourtant.


Passée sous des corps étrangers, prise de force par les Allemands, offerte aux splendides vainqueurs de l’Armée Rouge, la Lituanie kanuk’ée, colonisée, inerte, grise est habitée dans Vilnius Poker par l’homo lithuanicus. Vous avez peut-être entendu parler, je l’espère, de l’homo sovieticus, ce triste produit du XXe siècle dont la descendance refuse de s’éteindre. L’équivalent lithuanien de l’époque est la personne qui agit de la même manière, le dogme et la conviction en moins. Il « ne croit en rien depuis le départ, mais il apprend à jouer le jeu dès son plus jeune âge. »
Il a l'oeil vide, l'homo lithuanicus, l'oeil vide et le visage plat. Il pue. Il transpire la peur.

"  Ici bas, tout homme capable de pensée logique est paranoïaque. La paranoïa coule dans nos veines. On se met immédiatement à soupçonner que l' on veut nous voler cette miette de sagesse et nous envoyer pourrir au fond d'un trou. On commence à voir des espions partout. Dès que l' on décroche le combiné, on est intimement persuadé d'être sur écoute. Et si on ne s'est pas levé du bon pied, on se met à croire que même nos pensées sont secrètement enregistrées."

L’ambiance du roman est une claque pour chacun des sens du lecteur. Vilnius, fière capitale à genoux, ploie sous l’odeur des feuilles moisies, le free-jazz qui résonne dans les ruines d’une ancienne église transformée en distillerie, perce le tympan, tout comme les pleurs des déportés vers la Sibérie, comme le silence des camps.
Il y a de l’amour aussi à Vilnius : brutal, multiple, sans issue. Les cartes ont déjà été distribuées et c’est la Faucheuse qui a la main.

Les personnages de Vilnius Poker évoluent dans un espace-temps mouvant, passé et présent se chevauchent au gré des souvenirs, des évènements qui font irruption dans leur quotidien à la manière des rêves... ou bien des cauchemars...
 Et chacun raconte sa version des faits: Vytautas Vargalys, le bien nommé, Martynas Poskacollectionneur-ethnographe, Stéfania Monkeviciuté, plante importée de la campagne lituanienne, Gédiminas Riauba, autre bien nommé, à l'odorat sur-développé.

Grâce à Monsieur Toussaint Louverture vous pourrez errer dans les rues de Vilnius, jouer cette partie de poker incroyable, apprendre, ouvrir les yeux, ouvrir les yeux....



Vilnius Poker, Ricardas GAVELIS, Monsieur Toussaint Louverture, mars 2015



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