mercredi 21 janvier 2015

Houellebecq ou La Dépression Chronique

Je suis navrée pour Michel Houellebecq: pour comprendre son bouquin il parait que nous devrions nous rappeler en permanence la distinction auteur/narrateur. Dans son cas précis, malheureusement, dès que je le vois, j'ai en tête la voix de François, le personnage principal de Soumission. Que j'ai trouvé lâche, hypocrite, nihiliste de seconde main, opportuniste, égocentrique. Oui, rien que ça!


Bon, je vais essayer de passer outre les passages qui concernent les femmes. Mêêêêmeee si ce n'était que de la provocation, le regard qu'il pose sur la gente féminine est presque omniprésent et rempli de dédain (haine?). J'avoue avoir eu du mal à finir certains passages, le scabreux n'étant pas pour moi une preuve de talent littéraire, tout au plus le symptôme de je ne sais quelle frustration qui, de mon
point de vue, ne regarde pas le lecteur. Il est vrai, néanmoins, que la femme "représente un type légèrement différent d'humanité, elle apporte à la vie un certain parfum d'exotisme". Yallah!


Les rapports que François entretient avec ses semblables sont pour le moins étranges: il faut admettre que les hommes ne trouvent pas plus de grâce à ses yeux que les femmes. C'est un observateur passif mais qui ne rate jamais l'occasion de porter un jugement de valeur.  Même lorsqu'il est obligé de reconnaître qu'il pourrait, éventuellement, apprécier quelqu'un, l'avis positif est toujours teinté d'un
sous-entendu pour le moins méprisant (encore): "Je me rendis compte au moment où il le disait que non seulement il le pensait mais qu'il le souhaitait, qu'il faisait partie de ces gens finalement pas si nombreux qui se réjouissent a priori du bonheur de leur semblables, en bref que c'était ce qu'on appelle un brave homme".


Les rapports familiaux ne sont pas non plus au beau fixe. La "cellule familiale" est dépourvue de tout intérêt pour le narrateur: il nous explique à la page 73 que "les deux baby-boomers (ses parents) avaient toujours fait preuve d'un égoïsme implacable, et rien ne me portait à croire qu'ils m'accueilleraient avec bienveillance."  Ah les baby-boomers, à l'évidence il n'y a pas que M Zemmour qui leur en tient gré!
Quoi qu'il en soit, les parents en seront pour leurs frais, cet "égoïsme implacable" le narrateurn'entend pas leur pardonner: "La troisième lettre, par contre, me réservait une surprise. Emanant de
la mairie de Nevers, elle m'adressait les plus vives condoléances suite au décès de ma mère, et m'informait que le corps avait été transporté à l'Institut médico-légal de la ville, qu'il m'appartenait de contacter pour prendre les dispositions nécessaires.(...) Je ne m'imaginais certes pas ma mère menant une vie sociale intense, assistant à des conférences sur les civilisations précolombiennes ou courant les églises romanes du Nivernais en compagnie d'autres femmes de son âge; je ne m'attendais quand même pas à une solitude aussi totale."  


C'est probablement son désintérêt pour cette fameuse "cellule familiale" qui l'aide à imaginer un changement aussi radical et aussi rapide, quelques semaines tout au plus, du système culturel français. Car oui, suite à l'arrivée au pouvoir de Mohammed Ben Abbes la polygamie est envisagée
avec beaucoup de naturel, les femmes ont déjà renoncé aux jupes, robes, et travail en échange de pantalons, voile et allocations familiales, l'enseignement devient exclusivement réligieux, l'obligation scolaire s'arrête à la fin du primaire. Comme ça. Le "grand remplacement" en accéléré.


Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce roman. Pour l'instant je m'arrête là. Je compte bien y revenir, demain....



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